Gurs

Le toponyme Gurs est mentionné au XIe siècle (d’après Pierre de Marca), et apparaît sous les formes Gurz (1286, titres de Béarn4), Gurtz (1385, censier de Béarn5) et Sent Marti de Gurtz (1396, notaires de Navarrenx).

En 1385, Gurs comptait 35 feux et dépendait du bailliage de Navarrenx

Village rural, il compte aujourd’hui 433 habitants et en comptait 633 en 1876.,

Il y a 40 ans, Gurs abritait une intense activité d’artisans et de commerçants : cinq ébénistes, un charron, un forgeron, un menuisier, trois épiciers, un négociant en fromage, trois aubergistes, deux boulangers, un pâtissier, un boucher-charcutier, un plombier et une station service. De cette centaine d’emplois, il ne subsiste en 2004 qu’un boulanger mais cinq entreprises se sont créées et sont très actives : électricien, peintre en bâtiment, chauffagiste, maçon et entrepreneur de travaux agricoles.

Gurs possède des terrains communaux le long de la très fréquentée CD 936, qui avec la Communauté de Communes du Canton de Navarrenx veut retrouver une partie de son activité passée.           

  

Le Camp de Gurs

Gurs est aussi connu pour le Camp d’internement créé en 1939 sur les communes de Gurs, Dognen et Préchacq-Josbaig par le gouvernement français de Vichy. 80 000 internés sont passés dans ce sinistre camp de 1939 à 1945, 1067 y ont sépulture, 3800 sont partis vers les camps de la mort.

Sont à visiter aujourd’hui : le cimetière des déportés et le mémorial sur le racisme et l’antisémitisme. Une maison d’accueil, un sentier historique  avec la reconstitution d’une baraque, et un sentier de la de mémoire. ces derniers aménagements ont été financés par la Communauté de Communes du Canton de Navarrenx et différents partenaires  après d’intenses recherches historiques par l’amicale du camp de Gurs et divers travaux locaux, nationaux et internationaux.

Il pouvait accueillir  jusqu’à 20 000 personnes, faisant de lui la troisième ville du département des Pyrénées-Atlantiques.

Plusieurs populations ont été internées dans ce camp :
–           des espagnols (printemps et été 1939)
–           des « indésirables » (mai juillet 1940)
–           des juifs (oct. 1940-nov. 1943)
–           des Gitans (printemps 1944)

La création du camp de Gurs est consécutive à la « retirade » débâcle des républicains espagnols face aux troupes du Général Franco en janvier 1939. Les républicains espagnols ainsi que les populations ayant passé la frontière en masse, les autorités françaises décident de les placer dans des camps dits d’accueil.

Un camp est alors construit sur une lande inoccupée appartenant à trois villages, Gurs, Dognen et Préchacq-Josbaig, afin d’accueillir ces républicains espagnols.

428 baraques organisées en 13 îlots ceinturés de barbelés sont construites.  Elles sont conçues pour être utilisés l’été, elles protègeront ainsi peu du froid et mal de la pluie.
Environ 24 530 républicains espagnols furent internés à Gurs. C’étaient pour la plupart des combattants basques, des aviateurs et des volontaires des Brigades Internationales. C’étaient des hommes jeunes et disciplinés.
Durant le printemps et l’été 1939, la vie au camp de Gurs s’organise autour d’activités sportives, de cours d’alphabétisation et d’une vie culturelle et artistique riche.

Malgré un état de délabrement avancé des baraques et un camp presque vide en 1940, le gouvernement français y internera :
–     des réfugiés allemands, autrichiens et polonais arrêtés dans l’agglomération parisienne. Une partie de ces réfugiés proviennent de la 1er Rafle du Vel d’Hiv : ainsi le 12 mai 1940 les autorités françaises ordonnent le rassemblement des femmes étrangères au Vélodrome d’Hiver. Celles-ci seront arrêtées et transférées à Gurs.
–      des Mosellanes : des femmes françaises de la Moselle ayant épousé un allemand ou d’origine allemande. Ces différentes femmes sont suspectées par les autorités françaises de faire partie de la « cinquième colonne ».
–       et des prisonniers politiques..

Les conditions de vie au camp sont extrêmement précaires. Elles se sont dégradées dès l’hiver 1939-1940. Les baraques résistent mal aux intempéries. L’humidité est constante. La promiscuité est grande : seul 70 cm de largeur sont dévolus à chaque interné. Le problème de la boue est significatif au camp de Gurs : les fossés de drainage, en nombre insuffisant, sont remplis d’eau ; le terrain devient un véritable marécage.
Avec l’arrivée des Juifs au camp à partir d’octobre 1940, Gurs devient le symbole de l’antisémitisme du régime de Vichy.
De 1940 à 1943, 20 000 juifs ont été internés à Gurs :
–     Des Juifs allemands du Pays de Bade, du Palatinat et de la Sarre : ce sont des personnes âgées en majorité. Près de 800 d’entre eux mourront dans les semaines suivant leurs arrivées.
–      Des Juifs (hommes, femmes et enfants) transférés depuis d’autres camps de la Zone Sud.
–      Les victimes des rafles et des opérations de police.

                                         Entrée du camp d’internement


Pourquoi déporter ces populations juives à Gurs, dans le Sud de la France ? Cette déportation s’inscrit dans la réalisation du Plan Madagascar : l’île appartenant à la France a été choisi par les Nazis pour devenir un immense ghetto pour les Juifs d’Europe centrale.
Ce plan ne sera jamais réalisé et il sera remplacé en 1942 par la « solution finale à la question juive »

                            Monument du mémorial juif au cimetière de Gurs

Bibliograpgie:  Le Camp de Gurs, par Martine Chéniaux et Joseph Miqueu
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